Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de Gestalt-thérapie (le courant de psychothérapie auquel ma pratique se rattache)… et de faire un lien avec l’écriture, comme d’habitude. 😉
La particularité théorique de la Gestalt-thérapie est le fait qu’elle se centre sur la notion de contact. Nous sommes, en effet, en permanence en contact : avec l’air que nous respirons, avec la chaise sur laquelle nous sommes assis, avec le sol sous nos pieds, avec notre imaginaire, avec les autres…
Partant de ce point de vue, la théorie gestaltiste “délocalise” l’expérience humaine : on ne considère pas que le psychisme est enfermé au plus profond d’un être humain, mais qu’il se déploie en permanence au niveau de ce que nous appelons “la frontière-contact”.
Comme le dit Jean-Marie Robine (psychologue fondateur de l’IFGT) : “Je suis ce que j’acte, je suis ce que j’exprime, je suis ce que j’agis, je suis les contacts que j’établis.”
En psychologie, c’est une véritable rupture avec les modes de pensée habituels : on quitte la perspective individualiste (l’individu isolé, qui possède au plus profond de lui un inconscient, des pulsions…) pour aller vers une perspective de champ, de situation. Quand je ressens une émotion, par exemple, elle n’est pas juste “à moi”, elle parle aussi de la situation dans laquelle je me trouve, des personnes, des lieux, des pensées avec lesquels je suis en contact. Ce que je vis est une “co-construction” avec les éléments, les personnes en présence.
En écriture, je trouve des échos à ce postulat gestaltiste dans ce que John Truby appelle la notion de réseau, ce maillage primordial de résonances qui unit les personnages. Ces derniers ne sont pas simplement juxtaposés les uns aux autres, mais ils co-construisent les situations, s’impactent mutuellement, et ce sont ces liens à double sens qui font la richesse du roman.
Qu’en pensez-vous ? Est-ce que ces concepts vous parlent ? Êtes-vous attentifs à construire un réseau de résonances entre vos personnages ?