Psychogénéalogie pour les personnages de roman

Ah la famille !

Au cours de ma formation à la psychothérapie, j’ai assisté à un séminaire de psychogénéalogie et sociologie clinique, animé par le célèbre sociologue Vincent de Gauléjac.

L’un des ateliers consistait à retracer notre histoire familiale à l’aide d’un arbre généalogique, mentionnant les proches que nous connaissons ou avons connus, ainsi que les personnes marquantes au sein de nos « romans familiaux ».

Rien de très original à première vue, me direz-vous.

Mais nous ne nous sommes pas bornés à noter les noms, prénoms et dates de naissance de nos proches.

Il fallait aller plus loin.

Nous devions préciser, dans la mesure du possible, pour chacun d’entre eux :

– la catégorie socioprofessionnelle

– le capital économique

– le capital culturel (études, diplômes)

– les idées politiques et religieuses

– les valeurs

– les secrets

– les signes particuliers de nos ascendants et descendants.

L’idée était de ne pas raisonner en termes de solutions, mais d’identifier les contradictions en présence.

Ceci afin d’analyser les formes par lesquelles l’histoire familiale est toujours agissante dans notre propre histoire, et de comprendre nos destinations.

Au moment des échanges en groupe, j’ai été frappée par une chose à laquelle je n’avais jamais vraiment prêté attention auparavant : l’hétérogénéité de structure d’un arbre généalogique à l’autre.

Certains d’entre eux étaient très foisonnants, avec de multiples branches lisses, formant un clan très soudé. D’autres étaient peu fournis, émaillés de multiples ruptures (conjugales, affectives, familiales, professionnelles, etc.).

Les valeurs et lois implicites des uns étaient parfois en contradiction totale avec celles des autres.

Et chacun des participants constatait combien cette trajectoire avait été marquante. Même si la famille ne détermine pas tout, nous sommes le produit d’une histoire.

Cette approche peut se transposer à l’écriture d’un roman.

Réfléchir – même brièvement – au « roman familial » de nos personnages est très enrichissant.

Parce que les bonnes histoires ne se bornent pas à raconter des péripéties. Elles explorent aussi une seconde partition, une histoire dans l’histoire : les fondations et l’évolution de la psychologie des personnages.

C’est valable pour tous les genres.

On pourrait par exemple se demander :

Pour la fantasy : le héros est-il issu d’un clan ? Quelles sont ses loyautés ?

Pour un thriller : quel a été le paysage familial, la trajectoire traumatique du personnage antagoniste (le « méchant ») ?

Pour une romance : De quel milieu social les personnages sont-ils issus ? En quoi leurs liens précoces conditionnent-ils aujourd’hui leur façon d’aimer ?

Etc.

Comme le dit Jessica Brody dans le manuel “Save the cat !” : “Créer un roman captivant et engageant, imaginer un héros charismatique, c’est un peu comme jouer au psychologue”.

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Belle semaine,

Fanny

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